Qui laissa tomber
Une feuille blanche
Parterre
Dans la poussière
Sans l’avoir signée
Ni dotée d’ailes
Pour s’envoler
Un enfant est passé
Qui ramassa la
Feuille blanche
Parterre
Dans la poussière
En fît un oiseau
Qu’il percha sur ses deux doigts
L’oiseau s’envola
Alla cogner le nez du poète
Qui se mit à saigner
Sur l’oiseau blanc
Ce poème signé
Pour que vivent
L’enfant et le poème
Au pays retrouvé
Ne t’arrête pas de marcher
Debout
Assis
Allongé
Ne t’arrête pas d’avancer
Sans perdre pied
Sans perdre tête
Ne t’arrête pas de bâtir
Ce monde meilleur qui t'habite
Et de toujours aimer
Cet être porteur d’avenir
Pour que vivent
L’enfant et le poème
Au pays retrouvé
Que tu surgisses de la marre sanglante de la bêtise humaine
Que tu descendes d’une Afrique soumise au chant du griot
Que tu remontes des glaciers d’un continent en mal d’été
Que tu arrives d’un désert bridé de nostalgie océanique
Ta destinée transitoire
Traverse mon territoire
Comme un astre en veilleuse
Et je me surprends
A guetter l’instant
De toutes les éclosions !
Pays fermé sur ses blessures
Quel souvenir te réveillera ?
Ton regard
Prodigue l’étincelle
Qui ravive l’espoir
Et se remet en état
La glorieuse flotte Numide
Ses navires chargés
D’éternels partants...
Pays ravagé par les siroccos
Quelle vertu natale te sauvera ?
Ta main
Prodigue la caresse
Qui soulage et guérit
Et se relève
La glorieuse armée Numide
Ses hommes imprévisibles
Ces éternels résistants...
Pays secoué de sanglots maternels
Quelle naissance apprivoisera ta violence ?
Tes lèvres
Prodiguent le frisson
Qui libère le poème
Et se réveillent
Les passions nomades
Sauvées des noyades
Par le poète maudit...
Pays lourd de générations frustrées
Quelle secousse mettra bas ton rêve ?
Et mon regard escaladeur de collines
Et mes mains baladeuses des vallées
Et mes lèvres semeuses de sillons
Tout mon corps tendu, creusé de désir
S’ouvre pour cueillir
Ta maturité
Oh ! Femme - pays
Pétrie
De résistance séculaire et de rebellions permanentes.